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la gloire n’a pu altérer. Mais ce qui nous touche de plus près, c’est qu’il étoit encore un très-bon académicien. Il aimoit, il cultivoit nos exercices ; il y apportoit sur-tout cet esprit de douceur, d’égalité, de déférence même, si nécessaire pour entretenir l’union dans les compagnies. L’a-t-on jamais vu se préférer à aucun de ses confrères ? L’a-t-on jamais vu vouloir tirer ici aucun avantage des applaudissemens qu’il recevoit dans le public ? Au contraire, après avoir paru en maître, et pour ainsi dire, régné sur la scène, il venoit, disciple docile, chercher à s’instruire dans nos assemblées, laissoit, pour me servir de ses propres termes, laissoit ses lauriers à la porte de l’Académie ; toujours prêt à soumettre son opinion à l’avis d’autrui, et de tous tant que nous sommes, le plus modeste à parler, à prononcer, je dis même sur des matières de poésie.

Vous auriez pu bien mieux que moi, Monsieur, lui rendre ici les justes honneurs qu’il mérite, si vous n’eussiez peut-être appréhendé avec raison, qu’en faisant l’éloge d’un frère, avec qui vous avez d’ailleurs tant de conformité, il me semblât que vous faisiez votre propre éloge. C’est cette conformité que nous avons tous eue en vue, lorsque tout d’une voix nous vous avons appelé pour remplir sa place ; persuadés que nous sommes que nous trouverons en vous, non-seulement son nom, son même esprit, son même enthousiasme, mais encore sa même modestie, sa même