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parole, vaincre un puissant Monarque au milieu de ses États, et lui enlever tout d’un coup ses armées, son estime et sa protection.

Joignons à cette éloquence des Ministres et des Ambassadeurs celle des Historiens, des Orateurs et des Poëtes. Ce sont de tous les esprits ceux qui ont le plus de dispositions naturelles pour former une Académie comme la vôtre, et ce sont aussi les meilleurs et les plus considérables sujets de la société civile.

On sait que les Orateurs et les Poëtes ont été les premiers politiques du monde. Ce sont eux qui ont civilisé les hommes, qui les ont retirés des forêts, qui ont adouci leurs mœurs, leur ont appris à vivre en société ; qui enfin ont été les premiers fondateurs des États, comme les Historiens en ont été les premiers observateurs, et on peut dire aussi que les excellens ouvrages des uns et des autres, outre l’honneur qu’ils font à leur Nation, sont encore ceux dont la politique peut tirer de plus grands avantages.

L’Histoire est comme un conseil perpétuel de guerre et de police, où toutes les affaires publiques sont traitées, où les Rois mêmes sont jugés, et reçoivent les noms de honte ou de gloire qu’ils ont mérités, et qu’ils portent dans toute la suite des siècles ; ce qui est en politique d’une importance et d’une conséquence infinie.

Le Théâtre d’ailleurs, qui est le principal sujet