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d’être exécutée, il ne pensa qu’à ses Commentaires, les tenant toujours d’une main, et nageant de l’autre ; bien moins pour sauver sa vie, qui demandoit qu’il nageât des deux mains, que pour sauver son histoire qui ne lui permettoit de nager que d’une seule.

Combien donc ces deux grands Empereurs auroient-ils estimé et chéri une Académie comme la vôtre, qui leur eût assuré la possession de cette gloire qu’ils aimoient si passionnément.

Combien auroient-ils loué la sage politique d’avoir assemblé tant de savans hommes, pour travailler de concert à former une solide et véritable éloquence, qui est le plus riche trésor du public ; puisque c’est le seul où il peut prendre de quoi récompenser tant de braves hommes, dont la valeur est au-dessus de toutes les récompenses, et qui les ont même toutes méprisées, en voulant bien perdre la vie pour le service de l’État.

Mais ce n’est pas là tout ce qu’on doit attendre de votre Académie, et si elle encourage et récompense les grands hommes qui défendent l’État par les armes, elle peut encore en former qui le défendront sans armes. Car, n’est ce pas ce qu’a fait une infinité de fois, et dans les conseils et dans les négociations, cet art de parler dont vous êtes les maîtres ? et n’a-t-on pas vu en divers temps un homme seul, étranger, désarmé et sans autre secours que celui de la