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autres en splendeur, les ont aussi surpassées en éloquence, et parmi les Romains, l’heureux siècle d’Auguste n’a pas moins été le comble de l’éloquence romaine que le comble de la grandeur et de la majesté romaine.

Mais on ne s’étonnera pas de cette liaison du bien public avec l’éloquence, si l’on considère que l’éloquence récompense le plus magnifiquement ceux qui travaillent pour le bien public, rien n’étant comparable à cette glorieuse immortalité qu’elle donne, et qu’elle seule est capable de donner.

Car il est vrai, et c’est ce qu’on ne peut assez admirer, qu’il ne s’est trouvé jusqu’ici que la seule force d’une parole éloquente qui ait pu surmonter les efforts du temps, et se défendre de la nécessité de périr. Tout ce que les Arts ont fait durant les premières monarchies, est entièrement détruit ; l’empire des Grecs et des Latins est anéantie depuis plusieurs siècles, mais l’empire des Lettres grecques et latines subsiste encore aujourd’hui, et il s’étend par toute la terre.

Voilà, Messieurs, quelle est la gloire que produit cet art de parler dont votre Académie fait profession ; une gloire qui n’est bornée ni par les temps, ni par les lieux, et dont la beauté immortelle a toujours été le plus cher objet des plus grands Héros et de ceux même qui ont fait la conquête du monde.

J’en prends à témoin Alexandre et César, qui