Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/53

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pour sauver certains termes qu’elle a consacrés, tantôt qu’il reprenne la mode, qui parle souvent aussi follement qu’elle agit ; en un mot, il faut qu’il acquière une érudition aussi universelle que sa jurisdiction ; qu’implacable aux mauvaises dictions, il aille les attaquer jusques dans leur fort ; qu’il sache et qu’il ose quelquefois réformer des arrêts rendus en des Cours souveraines ; critiquer des harangues faites par des Généraux d’armée, appeler à soi-même des ordonnances des Rois, censurer des paroles prononcées dans la chaire de vérité.

Tous les tribunaux du Royaume, Messieurs, veulent bien relever du vôtre, et sur-tout tant qu’il sera sous la glorieuses protection de ce grand personnage, aussi juste dans ses discours que dans ses actions, aussi instruit des lois du langage que de celles de l’état, qui pèse ses paroles comme les intérêts d’autrui, et que le Ciel ne conserve dans son éminente dignité plus long-temps qu’il n’a fait aucun de ceux qui l’y ont précédé, que parce qu’il importe davantage au bonheur de la France et à la gloire de l’Académie. L’usage même, ce tyran des langues vivantes, qui prétendoit autrefois droit de vie, de mort et de résurrection, pour ainsi parler, sur tous les mots, qui en ordonnoit plutôt suivant le caprice du vulgaire, que par l’avis des Sages, écoute présentement les vôtres, et n’est jamais contesté dans le monde qu’il ne vous consulte