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Henri IV, qui disoit, qu’on retranche de ma table pour payer mes lecteurs, eût encouragé les talens ; ce Roi populaire leur eût assuré la liberté qu’il aimoit à voir briller sur le front du moindre citoyen ; il leur eût demandé la vérité qu’il alloit chercher parmi le peuple ; il venoit de rendre la vie au corps politique, il alloit le fortifier par les lois et l’embellir par les Arts : le fanatisme renversa tout.

Un grand Ministre reprit l’ouvrage. Au nom de Richelieu, la reconnoissance seul doit ici se faire entendre. Détournons nos regards de cette administration sévère, qui excite encore un étonnement mêlé d’effroi, et qui plia pour un temps le caractère national au caractère d’un seul homme : n’examinons point si ce calme ne pouvoit être rétabli que par des tempêtes ; s’il falloit que le sang coulât sur les échaffauds, pour ne plus couler dans les guerres civiles ; s’il est des temps où l’on ne puisse conduire que par la terreur ce peuple que l’on mène si loin par l’amour : laissons la politique admirer dans Richelieu les projets vastes et les grands coups d’autorité ; ne voyons en lui que le restaurateur des lettres et le fondateur de l’Académie Françoise. Richelieu voulut que les titres et les talens réunis concourussent à la gloire des lettres ; il sentit que quand la liberté seroit détruite dans l’état, elle devroit être l’ame d’une société littéraire, comme un grand Roi a dit, que si la foi et la vérité étoient bannies du reste du