Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/49

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ses voisins, méprisée en son propre pays, bannie de toute sorte de bons livres, mais que répandue dans toutes les Cours de l’Europe, elle y est elle-même les délices de leurs Princes et l’interprête de nos Ambassadeurs ; que sans rien perdre de sa simplicité première, elle ait acquis de la finesse ; que sans s’éloigner en rien par l’ordre de ses expressions, de celui de nos pensées, elle se soit rendue capable d’un tour ingénieux ; et que disputant de délicatesse avec l’italienne, et de majesté avec l’espagnole, elle se soit encore enrichie par tant de fameuses traductions, des dépouilles de ces immortelles mortes, la grecque et la latine, qui n’ont plus d’autre avantage sur elle que celui de leur vénérable ancienneté ?

Toute la France, Messieurs, s’en glorifie et vous en applaudit. Florissante par votre culture, elle vous invite à la continuer ; elle paye vos veilles gratuites par des louanges intéressées ; et parce que vous êtes la seule Compagnie de l’État qui travaille sans gages, elle se croit obligée de récompenser votre travail d’une gloire qui vaut mieux que tous les gages du monde. Ce n’en fut jamais une médiocre que de bien parler sa langue maternelle. Les plus grands hommes de l’antiquité, les Sylla, les Pompée, et mille autres, en ont été particulièrement estimés ; après tant de batailles gagnées, tant de provinces conquises, ils n’ont