Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

applaudir, que sur ceux qui peuvent vous imiter, quelque défiance que je doive avoir de mes talens, j’ose assurer que personne n’y auroit pu prétendre à meilleur titre que moi, et que l’estime extraordinaire que je fais de vous, m’auroit justement attiré celle que vous m’avez témoignée.

Car, Messieurs, je ne regarde pas seulement cet illustre Corps comme l’ouvrage de l’incomparable ministre, dont le génie encore plus vaste que sa fortune, et plus éminent que sa dignité, ne savoit rien entreprendre de médiocre, je le considère même comme le chef-d’œuvre de sa politique, qui, sans livrer sa mémoire à l’envie, l’a consacrée à l’immortalité, et qui, sans être à charge au public ou à sa succession, est particulièrement cause qu’on peut dire de lui, aussi bien que du plus aimable des Empereurs, qu’il a été plus loué après sa mort, que les autres ne l’ont été durant leur vie.

Si du haut de la gloire, où nous devons présumer qu’est ce grand homme, il s’intéresse encore à celle de ce royaume, quelle satisfaction ne lui est-ce pas de voir que vos travaux secondant ses instructions, les Muses qu’il a tant chéries, n’y sont plus traitées d’étrangères ? Que les graces qu’il y avoit introduites, s’y sont naturalisées ; que notre langue qu’il avoit pris un soin si particulier de polir, n’est plus cette gauloise, cette gothique, ignorée de