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Vous voulez donc que d’âge en âge la nation parle avec transport de ses bienfaiteurs ? Rois, Ministres, Citoyens puissans, soyez justes, humains, fidèles à vos devoirs, dévoué à l’état ; et nos derniers neveux, dans la postérité la plus reculée, verseront des larmes d’admiration et d’amour, en se rappelant le souvenir de vos vertus.

Oui, Messieurs, chercher, découvrir, inspirer des vérités utiles ; montrer l’ordre dans sa beauté, la gloire dans sa splendeur ; faire aimer le Prince, le travail et les lois : voilà les objets que vous vous proposez, et voilà ce qui a mérité à la littérature françoise l’estime de l’Europe entière. C’est la contrée où les Pythagores voyagent pour s’instruire ; c’est ici l’Athènes où veulent être loués les Alexandres. Les Souverains amis des hommes, les jeunes Princes qui se disposent à les imiter, les Ministres qui veulent le bien, les Grands, les Magistrats qui méritent l’estime universelle : voilà les hommes qui vous aiment.

Ceux qui peuvent craindre que vous ne déchiriez le voile qui couvre les abus auxquels ils doivent leur existence ; les oiseaux de nuit qui veulent poursuivre leur proie dans les ténébres ; l’envie décorée et puissante ; la vanité s’indignant que des titres soient éclipsés par la gloire ; des grands qui craignent d’entendre la voix de la postérité ; des littérateurs obscurs qui veulent profaner le temple où l’on ne reçoit point leurs hommages ; des esprits secs, incapables de sentir