Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/446

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de raisonnement, et l’ordre qui convient aux ouvrages d’imagination ; qui examinoient quels sont les sujets les plus heureux, et ceux qui demandent plus de talens ; quels caractères intéressent, quels sont ceux qui ne font qu’étonner ; comment ils contrastent sans affectation ; quelle sorte de merveilleux plaît aux hommes raisonnables ; quels tours sont admis dans un genre et rejetés d’un autre ? N’est-ce pas à ces conversations que la France dut en partie ce bon goût, que les étrangers les plus jaloux de notre gloire reconnoissent dans la nation et admirent dans notre littérature ?

Répandre le bon goût, Messieurs, c’est apprendre à l’homme à sentir sa perfection et à l’augmenter ; c’est lui apprendre à jouir des plaisirs qui élèvent l’ame, et à dédaigner ceux qui l’abaissent. Eh ! combien la perfection du goût ne demande-t-elle par la connoissance de l’homme, de ses passions, des causes de ses plaisirs ! Combien le bon goût ne tient-il pas à l’amour de l’ordre et au sentiment délicat de la décence ? Former le goût, c’est éclairer l’esprit, c’est épurer les mœurs, c’est disposer les nations à se pénétrer des sentimens vertueux répandus dans les ouvrages de génie. Les lumières de l’Académie et les premiers essais de Corneille préparoient aux grandes beautés de Corneille même, et aux chef-d’œuvres de son rival. La France fut digne d’applaudir Andromaque et Cinna, et de jouir des