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ite à faire de nouveaux présens au siècle qu’ils enrichissent, peut mériter de partager leurs honneurs.

M. l’abbé Trublet fut digne par ses ouvrages d’être admis dans une société composée d’hommes illustres ; mais en l’honorant de votre choix, vous récompensiez en lui l’homme de mérite et l’ami de M. de Fontenelle. Avec un esprit fin, pénétrant, exact, M. l’abbé Trublet observoit le caractère, l’esprit, le goût, le ton de son siècle : Ce talent rare est nécessaire pour avancer la philosophie des mœurs ; il faut des faits, des observations à la morale, comme à l’étude de la nature. C’est d’après les expériences qu’on connoît l’homme et l’univers.

M. l’abbé Trublet a enrichi le public de ses excellentes observations ; il savoit encore choisir et recueillir les observations des hommes célèbres avec lesquels il a vécu. Ce travail étoit ennobli par son objet ; l’auteur vouloit être utile.

Ce but si noble est long-temps ignoré des hommes qui cultivent les lettres, lorsqu’elles renaissent chez des peuples barbares qui ont perdu l’énergie et la simplicité sensée des nations sauvages. Chez ces derniers, la poésie et l’éloquence peuvent avoir de la force et de grands objets. Ces hommes, qui ne connoissent encore ni les règles ni les lois, sont inspirés par l’admiration, par la passion noble de graver dans les cœurs l’image des belles actions, les vérités utiles. Les chants des Bardes, des premiers Grecs et des Scandinaves, ne sont