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itablement, quand je considère qu’on trouve en cette docte assemblée tout ce que Rome et Athènes ont pu produire de plus merveilleux, je comprends combien la place où je suis me doit être chère. Mais pour exprimer ce que je sens en cette rencontre, pour faire voir quel est mon cœur, il faudrait avoir vieilli dans cette école de bien parler et de bien écrire ; dans cette école que toute l’Europe regarde comme un nouvel astre qui vient éclairer le cercle des sciences. Je vis, sans doute, avec joie la naissance et l’établissement de cette illustre compagnie. Il me sembla qu’à ce coup nos muses françaises s’en allaient régner à leur tour et porter dans tout l’univers la gloire et l’amour de notre langue. Mais cette joie, je le confesse, n’était point sans quelque amertume. Si j’admirais ces rares génies, ces grands ouvriers qui travaillent tous les jours à l’exaltation de la France, je désespérais, au même temps, d’entrer jamais dans un lieu si renommé, dans un lieu où quelque part qu’on jette les yeux, on ne voit que des héros. J’apprends pourtant aujourd’hui qu’on peut être confrère, sans avoir votre mérite, et certainement cette obligeante condescendance, si elle n’était de votre bonté, elle serait de votre sagesse. Car, Messieurs, n’espérez pas de trouver à l’avenir des hommes qui vous ressemblent.

C’est bien assez, à notre siècle, de s’être vu une fois quarante personnes d’une suffisance,