Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/427

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s’éclairent mutuellement, lorsqu’on les rapproche. Permettez-moi, Messieurs, de vous communiquer quelques réflexions sur ce sujet, et de vous offrir un développement dont le dernier terme est la gloire des Académiciens.

Les peuples chez qui l’histoire montre des vertus dirigées par les lois, sont ceux qui s’agrandissent par degrés, et qui, conduits seulement par les circonstances, apprennent de l’expérience à se gouverner. L’ignorance d’une multitude de besoins superflus les garantit long-temps d’une multitude de vices. La corruption n’arrive qu’après plusieurs siècles, et lorsqu’elle arrive, elle trouve des ames amollies par le luxe, et par conséquent des hommes timides pour faire tout le mal qu’ils se permettroient avec plus de courage.

L’établissement des Nations modernes de l’Europe présente un tableau bien différent. Ce sont des barbares qui, au sortir des forêts, fondent des Royaumes. Chaque jour, dans des circonstances où tout est nouveau pour eux, ils ne paroissent pas s’en apercevoir ; ils se conduisent comme ils se sont toujours conduits ; ils répètent continuellement les mêmes fautes ; ils croient que des états se gouvernent comme des hordes. Enfin, ne trouvant dans les débris de l’empire qu’ils ont renversé, que les vices qui en ont préparé la chute, ils prennent ces vices ; et sans passer par la mollesse, ils arrivent tout-à-coup à la corruption.