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de ses lumières les éclaire ; sa bonne-foi les rassure ; les charmes de sa douceur et de son affabilité nous les concilient ; leurs cœurs en l’approchant deviennent François ; c’est un hommage d’amour que tous les hommes doivent à la bonté.

Et quel Prince le mérita jamais plus justement ! Bienfaisant par goût, il ne paroît déplacé que lorsqu’il faut être sévère ; les refus semblent lui coûter bien plus que les graces, et l’ingratitude même n’a jamais pu le corriger de sa bonté ; accessible à tous, toujours gracieux, lors même qu’il ne lui est pas permis d’être libéral ; son accueil tout seul tient lieu du bienfait même qu’il refuse.

Il sait que la fierté a toujours été la foible ressource et la vaine décoration de la médiocrité ; qu’il n’appartient qu’aux héros et aux génies sublimes de savoir être simples et humains, et que plus on est grand, plus on néglige l’art et l’affectation de le paroître.

Voilà, Messieurs, des objets dignes des Muses et de vous. Heureux, si n’étant pas capable de partager avec vous la gloire de vos travaux, je pouvois du moins en être ici le témoin et l’admirateur, et si, appelé ailleurs par le devoir, le regret de ne pouvoir jouir long-temps de l’honneur que vous me faites, n’égaloît le plaisir que je sens de l’avoir reçu.