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éloges, et pour louer son héros avec succès, il falloit presque avoir trouvé le secret de ne pas parler de lui.

La chaire sembloit disputer, ou de bouffonnerie avec le théâtre, ou de sécheresse avec l’école, et le prédicateur croyoit avoir rempli le ministère le plus précieux de la religion, quand il avoit débité, ou quelques termes mystérieux et barbares qu’on n’entendoit pas, ou des plaisanteries qu’on n’auroit pas dû entendre.

Le barreau n’étoit presque plus que l’étalage de citations étrangères à la cause, et les plaidoyers finis, les juges étoient bien plus instruits et plus en état de juger du mérite des orateurs, que du droit des parties : le goût manquoit par-tout.

La poésie elle-même, malgré ses Marot et ses Régnier, marchoit encore sans règles et au hasard. Les graces de ces deux auteurs appartiennent à la nature, qui est de tous les siècles, plutôt qu’au leur ; et le chaos où Ronsard, qui ne put imiter l’un, ni devenir le modèle de l’autre, la replongea, montre que leurs ouvrages ne furent que comme d’heureux intervalles qui échappèrent à un siècle malade, et généralement gâté.

Je ne parle pas du grand Malherbe ; il avoit vécu avec vos premiers fondateurs, il vous appartenoit d’avance : C’étoit l’aurore qui annonçoit le jour.

Ce jour, cet heureux jour, se leva enfin.