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d’autant plus flatteurs pour ceux qui les reçoivent, qu’ils font le plaisir même de ceux qui les rendent.

Je sens ce plaisir, Messieurs, dans toute son étendue : il n’y en a pas un de vous, car j’ai brigué l’honneur de vous approcher et de vous étudier avant le temps, il n’y en a pas un de vous en qui je n’aye senti cette supériorité d’esprit si sure de son empire, mais dont la politesse sait rendre la domination si douce.

Oui, j’ose le dire, les titres sont ici de trop ; le mérite personnel attire à lui toute l’attention. On remarque à peine que vous réunissez dans votre corps ce qu’il y a de plus respectable dans les différens ordres de l’état ; on songe seulement, et c’est là votre éloge, que vous y rassemblez le savoir, la délicatesse, les talens, le génie, et surtout la saine critique, plus rare encore que les talens, aussi nécessaire à l’avancement des lettres que le génie même.

Mais à ne regarder que vos ouvrages, Messieurs, quelle source d’admiration ! Peut-être en sommes-nous encore trop près pour en juger sainement : on n’est jamais assez touché de ce qu’on voit naître et de ce qu’on possède ; on se familiarise avec le mérite de ses contemporains ; l’antiquité seule y met le sceau de la vénération et de l’estime publique. Plaçons donc l’Académie dans son véritable point de vue, et voyons-la, s’il se peut, avec les yeux de la postérité.