Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/117

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aimer ; et quelle félicité est plus grande que d’aimer la vérité et la vertu, si ce n’est celle qui doit être la récompense de cet amour ?

Vous l’avez bien reconnu, Messieurs, de quelle importance il étoit pour nos mœurs, pour le bonheur et pour la gloire de la France, de perfectionner l’éloquence. Vous avez judicieusement pensé que pour élever ce bel édifice, il falloit poser des fondemens fermes et durables, et pour cela fixer la valeur des termes, et faire connoître les constructions les plus simples et les plus naturelles de ces termes. Vous avez fini un de ces ouvrages, et vous travaillez à l’autre. Ce sont, à la vérité, de ces travaux dont les esprits vulgaires n’ont garde de tenir aucun compte, mais dont les esprits du premier ordre voyent la beauté, l’importance et la nécessité.

C’est ce qu’a vu ce génie que la providence a mis sur nos têtes ; il sait qu’une partie du bonheur de son état tient à des choses peu importantes en apparence, et y tient par des liens très-forts, quoiqu’imperceptibles pour les esprits superficiels. Il sait, ce prince distingué entre les princes chrétiens par une piété pleine de raison, que les vices et les malheurs de la société sont des suites nécessaires de la barbarie et de l’ignorance ; que le christianisme aussi spirituel, aussi pur et aussi élevé qu’il l’est, ne trouvera jamais plus de soumission que parmi les esprits les plus éclairés et les plus solides ; et qu’en faisant fleurir