Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/106

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l’esprit par le discours, et s’il est vrai encore, comme on l’expérimente tous les jours, que nos orateurs font la même chose, il est inutile de révoquer en doute s’ils sont éloquens, et plus inutile encore de disputer, s’ils le sont plus ou moins que les anciens ? J’aimerois autant demander si la mer est aussi salée aujourd’hui que du temps de la république romaine ; si le soleil est aussi lumineux, si les astres sont aussi brillans, après quoi il faudra mettre en question si les ressorts qui servent aux mouvemens des globes célestes ne se sont point usés avec le temps, et si la machine du monde ne menace point ruine. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ; les siècles se suivent et se ressemblent ; il y a eu dans l’antiquité des siècles stériles en grands personnages. Avant la guerre de Troie la Grèce étoit à demi barbare. Depuis Homère, le bel esprit y est entré et y a régné long-temps ; il est passé de là en Italie, et s’y est conservé jusqu’à la ruine de l’empire romain ; après cela il y a eu des siècles d’anéantissement ; point de sciences, point de beaux arts ; ce n’a été que confusion et que ténèbres. Les vertus en un autre temps ont repris le dessus, tout ce qui a donné de l’éclat à l’antiquité illustre s’est reproduit parmi nous par une résurrection miraculeuse ; l’esprit humain s’est réveillé de ce profond sommeil avec de nouvelles forces, il a eu honte de son assoupissement ; il a été chercher dans