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surnommer le divin parleur. On ne peut pas s’empêcher, Monsieur, de vous admirer l’un et l’autre, lui pour avoir si bien représenté les inclinations de la nature humaine, quoiqu’il ne soit pas l’inventeur de cette manière de peindre, dont-il avoit trouvé un fameux essai dans le second livre de la rhétorique d’Aristote ; vous, Monsieur, pour avoir manié le même sujet d’une façon toute nouvelle, et que pour avoir exprimé les caractères qui ne sont point imités des siens. Il a traité la chose d’un air plus philosophique ; il n’a envisagé que l’universel, vous êtes plus descendu dans le particulier. Vous avez fait vos portraits d’après nature ; lui n’a fait les siens que sur une idée générale. Vos portraits ressemblent à de certaines personnes, et souvent on les devine ; les siens ne ressemblent qu’à l’homme. Cela est cause que ses portraits ressembleront toujours, mais il est à craindre que les vôtres ne perdent quelque chose de ce vif et de ce brillant qu’on y remarque, quand on ne pourra plus les comparer avec ceux sur qui vous les avez tirés. Cependant, Monsieur, il vous sera toujours glorieux d’avoir attrapé si parfaitement les graces de votre modèle, que vous laissiez à douter si vous ne l’avez point surpassé. C’est ainsi qu’il falloit examiner la question qui s’est émue depuis peu touchant les anciens et les modernes. Loin d’affecter une préférence ambitieuse en faveur des auteurs de notre siècle, il falloit