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du Voyage de Siam.

gne. Toutes nos voiles portent, & nous ne roulons plus : c’eſt un grand bien pour le navire, qui fatigue beaucoup au roulis.

Le Pere le Conte vient de faire un ſermon de ruelle : il eſtoit peigné ; un mot ne paſſoit pas l’autre. Il a fait plaiſir aux gens d’eſprit, & les Matelots l’ont entendu.

21. Mai.

JAi eſté ce matin viſiter le dedans du vaiſſeau. C’eſt un grand païs : là les moutons, ici les cochons ; l’eau d’un côté, le vin de l’autre. M. de Fourbin eſtoit mon conducteur. Nous avons trouvé à fond de cale, des langues de bœuf ſalé, & de bon vin. J’ai mangé du biſcuit de l’équipage, que j’ai trouvé fort bon ; & ai eſté ſort aiſe de voir les poudres ſous tant de clefs.

On commence à galfater la chaloupe & le canot : nous en aurons beſoin au Cap. Vent contraire, nous retournons en France.

22. Mai.

OU calme, ou vent contraire à la porte du Cap ; car il n’y a pas deux cens lieuës d’ici. Nous faiſons quelquefois chapelle, c’eſt-à-dire, la pirouette. La mer n’eſt point agitée. Ou les routiers ſont faux, ou les ſaiſons ſont changées.

Je viens de commencer à apprendre le Siamois. Je n’en avois pas trop d’envie, dans la peur