Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
du Voyage de Siam.

9. Mai.

LE temps n’eſt pas comme nous le ſouhaiterions tout-à-fait. Nous ne faiſons que vingt-cinq lieuës par jour, & nous en voudrions faire cinquante ; & le tout pour vous revoir plutôt. Si nous n’arrivons à Bantam avant le 10. Aouſt, il ne faut pas ſonger à aller à Siam cette année. Cela ſeroit faſtidieux : une année eſt précieuſe, quand on en a quarante ſur la tête.

10. Mai.

UN vaiſſeau ! Nous voyons un vaiſſeau ! Nous ne ſommes donc pas tous ſeuls. Nous allions bientôt croire qu’il n’y avoit que nous ſur la mer. Les lunettes d’approche ont eſté tirées ; & il a eſté reconnu Anglois, & fort petit. Il avoit envie de nous parler ; mais il n’a pas pu nous joindre, & on n’a pas jugé à propos de perdre du temps à l’attendre. Les vents ſont venus aſſez forts : il a fallu prendre les ris de nos huniers. La pompe de mer s’eſt élevée fort prés de nous. Elle eſtoit fort jolie à voir : je croi vous en avoir déja fait la deſcription. Nous faiſons trois lieuës par heure. Encore dix ou douze jours, & je vous écris du Cap de Boa Eſperanza.

La conférence des cas de conſcience a eſté fort utile. Il me prend quelquefois envie de vous dire tout ce qui s’y eſt dit ; & puis je m’arrête.

H