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du Voyage de Siam.

tes. Nous ſommes bien emmarinez. Nous danſons au roulis ; & quand la mer eſt groſſe nous en avons meilleur appétit. Dés qu’on mange bien, on ſe porte bien. Je ſuis tout accoutumé à dormir à repriſes. La pompe, le changement du quart font des bruits inévitables : j’y ſuis fait. Nos têtes ſont affermies, & nous étudions deux heures de ſuite. On lit tout courant le Portugais : e ſe Deos for ſervido em pouco tempo faleraſe. Nous liſons le ſoir dans votre grand livre des étoiles. La Manœuvre s’apprend inſenſiblement : on ſe promene ſur le gaillard ; les Officiers ordonnent ; on a des oreilles. On demande, Qu’eſt-ce que cela veut dire, Hiβe le perroquet de fougue : on le demande une fois, deux fois, & puis on le ſçait ; & ainſi du reſte. Ce n’eſt pas que nous en ſoyions plus habiles : mais enfin nous en ſçavons plus que vous ; car autant que je m’en puis ſouvenir, vous n’avez pas fait de grands voyages ſur mer.

24. Avril.

IL a fait aſſez chaud aujourd’hui. La hauteur n’a rien valu : l’horiſon eſtoit plein de brouïllars, que nous appellons brumes. Nos pilotes ſe croyent par le travers de certaines Iſles. On a fait monter des hommes aux girouettes : ils n’ont veu que de l’eau. M. Manuel a prêché ſur la Réſurrection de la chair, & nous a preſque

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