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Journal

obligez de s’y trouver. De ſorte que dés le grand matin le ſoldat ſe trouve à la porte de ſon capitaine pour le voir ſortir : le capitaine va voir le Caydoi, qui va auſſi faire ſa cour au Cayvate ; & celui-ci a ſon Prince, qui eſt obligé auſſi-bien que les autres à ſe trouver à l’audiance du Roi.

Aprés l’audiance le capitaine fait marcher ſes ſoldats au travail ou à l’exercice. Jamais ils ne ſont à rien faire, & ſouvent travaillent aux réparations publiques.

Les armes ordinaires du ſoldat ſont le mouſquet & le ſabre. Ils tirent ſouvent au blanc ; & les plus adroits ont une plus haute paye, & ſont mis dans les gardes du Roi, ou faits officiers.

Chaque famille du royaume eſt obligée de fournir un ſoldat au Roi à ſon choix. Il n’en choiſit que de bien faits, qui ſont engagez depuis dix-huit ans juſqu’à ſoixante. Ils paſſent les trois premieres années à s’exercer ou pour la mer, ou pour la terre ; & pendant ce temps-là ne ſont point châtiez de leurs fautes. Aprés cela on les incorpore dans une compagnie. Ils ſont logez, habillez, & armez aux dépens du Roi, & reçoivent la paye ordinaire tous les premiers jours du mois. Elle conſiſte en cinq livres d’argent, un boiſſeau de ris, & une certaine ſorte de poiſſon dont ils ne ſçauroient ſe paſſer. Ils ſont preſque tous mariez, & ne pourroient pas ſubfifter ſans leurs femmes. Ils font obligez de fournir toute la poudre