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du Voyage de Siam.

rême ſur la mer : le Pere de Fontenei a eſté obligé à faire comme moi : il n’y a que M. le Chevalier de Chaumont qui le puiſſe ſoûtenir ; & encore ne mange-t-il le ſoir qu’un petit morceau de biſcuit, plus admirable en cela qu’imitable. Les plus miſſionnaires ne ſongent pas ſeulement à jener. C’eſt un grand exemple : nous devrions eſtre excitez au bien, mais nous n’en avons pas la force de corps ni même d’eſprit.

La hauteur s’eſt trouvée de 7. degrez. On voit force poiſſons volans, & des Dorades qui s’élancent de la mer pour les atraper.

M. l’Abbé du Chaila a fait l’exhortation : elle eſtoit de fort bon ſens, familiere, propre à des matelots à qui il faut ſe faire entendre. C’eſt un homme juſqu’ici admirable, qui ſe donne à tout : toujours aprés les autres. Nous ne ſçavons point encore le parti qu’il prendra dans les Indes : mais s’il ſe conſacre aux miſſions, ce ſera un bon ouvrier ; il a le zele & la capacité.

26. Mars.

ON a ſait aujourd’hui la fête de l’Annonciation. Beaucoup de gens ont fait leurs dévotions, & de bonne foi. Il n’y a point ici de Tartuffes : nous ſommes à fix-vingts lieuës de toutes terres, il n’y a point de raillerie. Le Pere Viſdelou a fait une jolie exhortation, & de bonne grace : c’eſt un fort joli petit homme : il a des tons qui vont au

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