Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
du Voyage de Siam.

M. Pomart m’a dit ce ſoir que je n’irois point à Rome ; que le Roi de Siam n’avoit point de préſens aſſez magnifiques pour le Pape, & qu’il ne lui en veut point faire de médiocres. Il m’avoit pourtant dit quelque choſe à la derniere audiance : mais il fera ſemblant de l’oublier, & demain ne m’en parlera point. Dieu ſoit beni de tout. Je ſentois une petite complaiſance d’aller faire des complimens à ſa Sainteté de la part d’un Roi du bout du monde.

12. Décembre.

NOus venons d’avoir audiance de congé. M. l’Ambaſſadeur, M. l’Evêque, & moi avons eſté portez ſur des chaiſes à l’ordinaire. Tout le chemin eſtoit bordé de troupes à pié & à cheval, & de plus de deux cens éléphans de guerre, ſur chacun deſquels il y avoit deux Mandarins avec leurs bonets de cérémonie : cela faiſoit un bel effet. Les cours du palais eſtoient couvertes de Mandarins proſternez, chacun ſuivant ſa dignité. Nous ſommes montez débout à la Françoiſe dans la ſalle où le Roi eſtoit ſur ſon trône. Elle ſera fort belle quand les miroirs venus de France ſeront placez. M. l’Ambaſſadeur s’eſt aſſis ſur ſon ſiege ordinaire, M. l’Evêque & moi à ſes cotez, aſſis ſur les tapis. M. Conſtance eſtoit proſterné, ainſi que tous les grands Mandarins du Royaume. M. l’Abbé de Lionne & M. Vachet eſtoient aſſis der-

Q q ij