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du Voyage de Siam.

tout ce qu’ils avoient ſur eux dans une caverne, où tout eſtoit rangé en fort bon ordre. Un jour un marchand Cochinchinois fut ſurpris, & renverſé par l’éléphant, qui au lieu de lui faire mal, lui préſentoit un pié, & crioit fort. Le Cochinchinois reprend courage, regarde ce pié, & en arrache une groſſe épine. Auſſitôt l’éléphant le flate, le prend avec ſa trompe, le met ſur ſon dos, le mene à ſa caverne ; & aprés lui avoir montré tout ſon tréſor, le laiſſe-là, & s’en va. Le marchand en fit ſon rapport aux magiſtrats de Porcelonc, qui lui adjugèrent une partie de ce qui eſtoit dans la caverne : le reſte fut rendu à ceux qui reconnurent leur bien.

M. Conſtance vient de me dire que le Roi lui a montré ce matin la lance, la cuiraſſe, & le bouclier d’un Roi de Siam, qui dans une bataille tua de ſa main un Roi de Pégou, & par cette action preſque ſeul mit en fuite tous ſes ennemis. Il m’a appris quelques particularitez de la vie du Roi regnant. Il y a trente & un an qu’il regne. Il a pluſieurs fois commandé ſes armées en perſonne. En 1667. il aſſiégea une ville ſur les fronfieres de Laos, & la prit apres un long ſiege. Ses troupes ne mangeoient plus que de l’herbe & des racines ; & un jour plus fard il eſtoit obligé à lever le ſiege. J’en ſçaurai davantage. L’éléphant blanc qui eſt dans le palais, n’y eſt que depuis vingt-quatre ans. Mais ne ſeriez-vous point bien-

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