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Journal

M. l’Evêque a pris le parti d’aller ſur un éléphant ; & moi auſſi. Quand l’éléphant ſauvage a eſté pris, le Roi a mandé à M. l’Ambaſſadeur qu’il s’eſtoit preſſé de lui en donner le plaiſir, quoi-qu’il ne ſoit pas encore temps d’aller à la chaſſe à cauſe que préſentement les éléphans gâtent les ris, & que cela l’empêchèroit d’en voir un grand nombre. M. Conſtance a ramené M. l’Ambaſſadeur chez lui, & on a parlé d’affaires.

25. Novembre.

JAi eu la conſolation de voir ce matin ſaire un Chrétien : c’eſt un homme de la coſte de Coromandel, que M. du Carpona amène ici. Dimanche prochain on batiſera deux familles de Siamois, que M. le Clerc inſtruit depuis dix-huit mois.

M. Conſtance nous à dit que le Roi eſtoit fort en colere contre l’Ambaſſadeur de Perſe : il eſt à Tennaſſerim, & y fait mille impertinences. Il y a paſſé ſur un vaiſſeau Anglois, & n’a rien donné au Capitaine. Le Gouverneur de Tennaſſerim lui a donné ſix cens écus pour ſon Excellence. On lui a fait de grands honneurs en mettant pié à terre. Il ne trouve rien de bien fait : ſon maître-d’hôtel rebute toutes les viandes qu’on lui préſente ; & un jour l’Ambaſſadeur de Siam qui revient de Perſe, lui ayant dit qu’on ne lui faiſoit pas ſi bonne chére à Iſpahan, il le mit en

colere,