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du Voyage de Siam.

cabinet. Joyeux a eu auſſi ſon préſent.

Les nations Angloiſe & Hollandoiſe ont eu aujourd’hui audiance du Roi, qui leur a donné de belles veſtes. M. Veret chef de la Compagnie Françoiſe ne l’a point encore euë. Les Jéſuites ont ſalué ſa Majeſté dans le palais le plus intérieur, & en ont eſté fort bien receus.

A quatre heures aprés midi le Roi eſt ſorti du palais ſur ſon éléphant. Toutes les ruës eſtoient bordées de gardes à pié & à cheval. Les gardes à pié avoient un pot, une cuiraſſe, & un bouclier dorez. Les Mores eſtoient à cheval bien montez, & avoient fort bonne mine. Les Mandarins alloient devant & aprés le Roi, avec leur bonnet de cérémonie fait en piramide entourée de plufieurs cercles d’or, chacun ſuivant ſa dignité. Aprés le Roi marchoit l’éléphant de parade, qui portoit une chaiſe d’or maſſif ; & puis venoit le jeune Mandarin, que le Roi traite comme s’il eſtoit ſon fils : il avoit ſeul la tête haute ; tout le reſte avoit la tête baiſſée ſur le cou de ſon éléphant. Je vous aſſeure que ce cortége eſtoit royal & fort fingulier, & je crois que Pharaon ſur les bords du Nil ſe promenoit à peu prés avec la même pompe. Le Roi s’eſt arrêté hors la ville dans une petite plaine pour voir combatte des éléphans. M. l’Ambaſſadeur, M. l’Evêque & moi eſtions chacun ſur un éléphant à dix pas du Roi. Le reſte des François eſtoit auſſi ſur des éléphans un peu plus

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