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Journal

ſe arriver, ſi l’Ambaſſade ne produit pas dans le moment la converſion actuelle du Roi, elle fera toujours un bon effet.

20. Novembre.

JAi eſté ce matin remercier M. Conſtance de tout ce qui ſe paſſa hier à mon égard. Car outre tout ce que je vous ai déja écrit, le Roi me dit qu’il eſtoit perſuadé que j’apporterais aux affaires tout le ſoin & toute l’application dont j’eſtois capable. M. Conſtance me l’expliqua en Portugais. J’en fus aſſez aiſe ; & ne fis pas ſemblant de l’entendre, & pour cauſe.

J’ai eu aujourd’hui une grande conférence avec M. de Métellopolis ſur mon état ſpirituel ; & aprés avoir bien peſé toutes choſes, & m’eſtre ſoumis aveuglément à ſa volonté, il a réſolu de me donner les ordres ici avant que je retourne en France. Il y a long-temps que je m’y diſpoſe : quand on eſt foible, il ne faut pas s’expoſer au danger, & je croi que ces ſaintes chaînes me ſixeront dans le bon chemin. Je n’aurai plus envie d’aller à l’Opéra ; & prêtre j’eſpere que Dieu me fera la grace de vivre en prêtre. J’ai des bénéfices, je ne les veux pas quitter : ne ſuis-je pas obligé à mener une vie réglée ? Ce qui me détermine encore, c’eſt que je vois devant moi ſept ou huit mois de vie innocente ; & cela ne ſera pas mauvais avec la compagnie des Miſſionnaires pour

bien