Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
du Voyage de Siam.

en ſeize jours : vous devez eſtre content. J’ai un peu diſcontinué le Portugais : on ne ſçauroit étudier deux heures de ſuite ſur la mer ; & la tête eſt bien foible, quand le cœur eſt fade : car il eſt encore fade de temps en temps, & les Marins eux-mêmes ſentent je ne ſçai quoi qui les rend penſifs. L’infatigable M. Vachet, lui qui a paſſé la ligne cinq ou ſix fois en ſa vie, eſt auſſi triſte qu’un autre. Il a fallu le ſaigner, le purger : on n’oublie rien aprés lui. Nous ſerions bien embaraſſez, s’il nous laiſſoit à moitié chemin ; & il faut bien qu’il nous introduiſe à Louvo. Pour moi je ne fais point de remedes : je me ſuis contenté de rompre le Carême ; & du reſte quand j’ai mal à la tête, je prens patience. Ne ſommes-nous pas trop heureux d’avoir des habits de drap en pleine Zone torride ? Dans quatre jours nous aurons le ſoleil à pic : il vient à nous gravement, & nous allons à lui le plus vîte qu’il nous eſt poſſible.

20. Mars.

A 15. degrez vis à vis du Cap vert. Le brouillard ſe diſſipe, & le chaud vient. Notre gaillard eſt couvert d’une tente : on ſe promene : il y a toujours un peu de vent : bonne chere. Monſieur de Vaudricourt ne s’enrichira pas à ce voyage : il lui meurt ſouvent des poules & des cochons, mais il en a fait une ſi groſſe proviſion, qu’il eſt dif-

C ij