de M. l’Ambaſſadeur, & qui tient une grande table. Nos Gentilshommes François lui font grand plaiſir d’aller boire de ſon vin.
JE ne ſçai par où commencer. Il n’y a point de paroles aſſez magnifiques pour exprimer ce que je viens de voir. Le Roi eſt ſorti en balon : cela ne lui arrive pas ſouvent ; mais auſſi quand il veut bien ſe faire voir à ſon peuple, c’eſt avec une pompe digne du Roi de l’Elephant blanc. Le cortége eſtoit de plus de deux cens balons, chacun ſelon ſa dignité. Les Gentilshommes marchoient devant ; ſuivoient les Barons, les Comtes, les Marquis, & les Ducs du païs : chacun dans des balons plus ou moins dorez, lls ont des noms que vous n’entendriez point, Ok-ïa, Ok-pra, Ok-louangvan, Ok-quun, Ok-mun, &c. Les balons du Roi eſtoient riches & galans audeſſus de l’imagination. Il y avoit à la plupart cent cinquante rameurs avec des rames toutes dorées. Le Roi eſtoit tout couvert de pierreries. Tous ſes rameurs avoient un corſelet, des braſſars, & un bonnet d’or maſſif ; & chacun avoit à ſes piés une lance, un ſabre, & un mouſquet. J’aurai un mémoire éxact de la marche, avec le nom & la dignité des Mandarins. Le Roi eſt allé à une maiſon de plaiſance qu’il a à deux grandes lieuës d’ici : il y a dîné. Aprés-dîné tous les balons ſe font placez chacun
