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Journal

24. Octobre.

M. l’Ambaſſadeur, & moi, avons eſté ce ſoir nous promener dans un petit balon tout ſimple, ſans tout cet arroi d’Ambaſſade. Nous avons eu beaucoup de plaiſir à viſiter les camps des Cochinchinois & des Pegouans. On ſe promene dans des allées d’eau à perte de veuë, ſous des arbres verts, au chant de mille oiſeaux, entre deux rangs de maiſons de bois ſur pilotis, fort vilaines par dehors, fort propres par dedans. On entre dans une maiſon où l’on s’attend de trouver des païſans bien gueux ; on trouve la propreté même, le plancher de nattes, des cofres de Japon, des paravents. Vous n’eſtes pas dedans, qu’on vous préſente du thé dans des porcelaines ; & là tout fourmille d’enfans. Au retour de la promenade, je me ſuis jetté dans l’eau ; ce qui m’arrive tous les jours, & ce qui eſt néceſſaire pour la ſanté. Il faut ſe baigner, manger peu de viande le ſoir, tant qu’on veut de poiſſon : il ne fait jamais de mal ; & il y en a tant dans la riviere, qu’en ſe baignant, il nous vient donner contre les jambes. Cela eſt éxactement vrai.

25. Octobre.

LE Roi a fait avertir M. l’Ambaſſadeur par M. Conſtance, qu’il lui vouloit donner ce matin une audiance particuliere. Nous y avons eſté à