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du Voyage de Siam.

& tambours comme avant l’audience : c’eſt pour avertir au dehors que ſa Majefté va ſortir de ſon trône. Il s’eſt retiré doucement, & a fermé ſa petite fenêtre. M. l’Ambaſſadeur eſt demeuré ſur ſon ſiege pour donner le temps aux Gentilshommes de défiler avec M. Vachet, qui par l’ordre exprès du Roi avoit eſté leur conducteur. M. l’Evêque, M. l’Abbé de Lionne & moi avons ſuivi, & un moment aprés M. l’Ambaſſadeur & M. Conſtance.

Auſſitôt que le Roi s’eſt retiré, le Barkalon & tous les grands Mandarins du royaume, qui avoient eſté profternez pendant l’audiance, ſe ſont levez à leur ſéant. Or entre ces Mandarins il y a un beaufrere du Roi de Camboge, & des fils de Roi. Je ne ſçai ſi je vous ai dit, qu’à la porte du palais un jeune Opra favori du Roi eſt venu recevoir M. l’Ambaſſadeur, & l’a ſuivi à l’audiance. En ſortant nous avons trouvé toutes choſes dans le même ordre, les Mandarins, les éléphans, & les troupes. M. l’Ambaſſadeur à la porte du palais eſt remonté dans ſa chaiſe, & moi dans la mienne ; les Gentilshommes ont ſuivi à cheval, tout le reſte à pié. Il a fallu remonter dans les balons pour aller au palais de ſon Excellence. On a remis pié à terre au bout de la ruë des Chinois, enſuite on a paſſé dans la ruë des Mores : ce ſont les deux plus belles de Siam. Les maiſons en ſont de pierres & de brique : c’eſt beaucoup

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