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du Voyage de Siam.

13. Octobre.

M. l’Ambaſſadeur a déclaré le Chevalier de Fourbin ſon Major, & a prié tous ſes Gentilshommes de ſuivre tous les ordres qu’il leur portera de ſa part.

Ce matin le Roi de Siam a fait aſſembler tous ſes grands Mandarins, & leur a fait dire par M. Conſtance, qu’ils ne devoient point s’étonner s’il faiſoit des choſes extraordinaires & inouïes pour honorer l’Ambaſſadeur de France ; qu’il connoiſſoit parfaitement combien le Roi de France & par ſa puiſſance & par ſon mérite perſonnel eſtoit audeſſus des autres Rois, & qu’il ne croioit pas pouvoir donner trop de marques de diſtinction à ſon Ambaſſadeur. Tous les Mandarins ont mis ces royales paroles ſur le ſommet de leur tête, & s’en ſont allez contens : car on dit qu’il y en avoit quelques-uns qui murmuroient, & qui faiſoient difficulté d’aller au-devant de M. l’Ambaſſadeur, alléguant qu’on ne l’avoit jamais fait aux Ambaſſadeurs de l’Empereur de la Chine, ni à ceux du Mogol & du Roi de Perſe. Et effectivement on n’a jamais receu Ambaſſadeur qu’à trois quarts de lieuë de Siam, & c’eſtoit des Mandarins du ſecond ordre qui les alloient complimenter. Au-lieu qu’il en eſt venu juſqu’au vaiſſeau à quarante lieuës de Siam ; qu’on a bâti des maiſons exprès, meublées magnifiquement ;