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du Voyage de Siam.

ſons l’une à ſtribord, & l’autre à babord. Il faut eſtre fou pour venir ici ſans un bon pilote qui y ait paſſé pluſieurs fois. Il nous fait tourner comme un carroſſe à arc : ici eſt un banc, là une roche ; & nous paſſons avec confiance. C’eſt à nos pilotes à faire de bons journaux, afin qu’à l’avenir les vaiſſeaux François ſe puiſſent paſſer des pilotes étrangers.

Nous avons côtoyé tout le matin l’Iſle de Linguen, que nous laiſſions à babord, allant droit au Nord. Elle eſt fort grande, couverte de hautes montagnes fort connoiſſables. Mais à midi, aprés avoir eſté deux heures au plus prés, il a fallu mouïller, parce que le vent eſt venu tout-à-fait contraire, & que les courans nous portoient au large. Or il ne nous faut pas quitter la terre de veuë ; & nous prétendons paſſer entre l’Iſle de Poltimont, qui eſt à quarante-cinq lieues d’ici, & la preſqu’iſle de Malaca, & enſuite gagner la barre de Siam toujours terre à terre. On ſçait l’hiſtoire du Vautour, vaiſſeau de la Compagnie Françoiſe, qui voulant paſſer à l’Eſt de Poltimont, fut jetté par les courans ſur les côtes de Camboge, qui ſont fort dangereuſes.

Le pauvre Arbouville a receu l’Extrême-Onction : on n’en eſpere plus rien.

Le vent eſt revenu de l’avant ; on a mouïllé : une demie-heure aprés il eſt revenu bon ; on a appareillé.

Y