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du Voyage de Siam.

nous ont dit que de la Maligne ils avoient veu non ſeulement le vaiſſeau qui nous aborda, mais encore un autre au vent. Ces deux vaiſſeaux peuvent faire changer nos raiſonnemens. Il y a par ici deux Anglois qui ont eſté à Batavie faire des rodomontades : ils pourroient bien eſtre venus mouïller ſous une Iſle en attendant quelques Hollandois. Si ce ſont eux, ils ne ſe vanteront pas de n’avoir rien répondu aux mouſquetades dont on les a ſaluez.

Nous ſommes à 3. degrez & demi de la ligne. On voit Sumatra : on voit Banka. Il y a par ici des roches & des bancs de ſable : notre pilote a toujours la ſonde à la main ; & dés que la nuit eſt venuë, mouïlle à ſix braſſes.

29. Aouſt.

HO, quel chaud ! La ligne eſt toujours la ligne, & nous ſentons bien ſes approches. Les bancs de ſable font parez. Je vous demande pardon : dans le temps que j’écris ceci, nous touchons. On fait grand bruit là-haut, je m’en vais voir ce que c’eſt. C’eſt que nous avons touché. On ſondoit, on trouvoit ſept braſſes, & tout d’un coup trois braſſes. Notre navire prend trois braſſes & demie par le derriere, l’avant eſtoit à flot. On a cargué toutes les voiles, & jetté l’ancre ; & aprés bien de la peine, nous avons dégagé notre gouvernail, & nous ſommes remis à la voile. Cela nous a ſait

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