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du Voyage de Siam.

qu’un quart d’heure que j’eftois venu dans la chaloupe : ce pauvre miſérable eſtoit un des rameurs, gaillard, & un quart d’heure aprés il va paroître devant Dieu. Il eſt bon d’eſtre toûjours prêt à faire ce voyage, puiſque nul ne ſçait quand il faudra partir.

M. Vacher a mené les Mandarins chez M. le Général, qui les a fort bien receus. Ces Meſſieurs ont beſoin du Roi de Siam ; & tous les ans ils y envoyent quantité de vaiſſeaux charger du ris, du cuivre, & du câlin.

21. Aouſt.

M. Général vient d’envoyer encore un bateau chargé de rafraîchiſſemens. Nous nous faiſons aux fruits des Indes. Les ananes l’emportent ; c’eſt une chair ferme, rouge, & qui tend au melon. Les oranges ſont bonnes & les citrons, les bananes & les patates ; on ne regarde plus les cocos : & cependant vivent les pêches madelaines, les figues, & les muſcats. Il y a ici du vin de France déteſtable, qu’on vend un écu la pinte. Tout eſt fort cher ; & l’argent fort commun. C’eſt un bon métier que celui de cabaretier ; on y fait fortune en peu de temps : car quoi-qu’un petit bouchon rende à la compagnie douze ou quinze mille francs par an, ils s’y enrichiſſent encore. On y boit toujours ; & c’eſt un paſſage perpétuel du vin de France au vin de Rhin, du vin d’Eſpa-

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