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Journal

dois avoient tout refuſé, diſant que le Roi de Bantam ne vouloit point que les étrangers miſſent pié à terre dans ſon royaume ; que pour eux, ils n’eſtoient que troupes auxiliaires, & n’y avoient aucun pouvoir ; & que tout ce qu’ils pouvoient faire, eſtoit de prendre dans leurs magazins quelques rafraîchiſſemens dont ils leur faiſoient préſent. Et en effet, ils envoyèrent auſſitôt à bord de la Maligne un bœuf, des poules, des citrons. Là-deſſus le Chevalier de Fourbin eſt revenu fort prudemment conter le tout à Monſieur l’Ambaſſadeur, qui l’a renvoyé ſur le champ à Bantam demander au moins de l’eau & des rafraîchiſſemens, réſolu de dreſſer des tentes dans une Iſle deſerte, & d’y mettre nos malades. Nous venons de mouïller dans la baye de Bantam, à cinq braſſes, à deux bonnes lieuës de la ville. Le mouïllage eſt bon par tout. La frégate eſt venuë ſe mettre auprés de nous, & nous a ſalué de ſept coups de canon : nous lui avons répondu de cinq. Joyeux eſt venu à bord, & nous a conté qu’après qu’il nous eut perdus, il alla juſqu’au 41. dégré Sud, & eſſuia de terribles coups de mer ; & que quand il a veu terre, il n’avoit pas dix hommes en état de manœuvrer. Cependant depuis quatre jours ſes gens ont un peu repris cœur, à force de manger des citrons, des bananes, & des cocos ; & s’il ne nous avoit veus ce matin, il appareilloit pour aller à Siam, parce qu’il croyoit

que