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du Voyage de Siam.

fait, & fera place à quelque bon Oueſt. Dieu le veuille.

28. Juillet.

NOus croyions ce matin eſtre en calme ; & nous en eſtions bien-aiſes, parce que pour avoir de bon vent, il faut que le mauvais s’en aille : mais il eſt revenu à ſon point, & nous faiſons toujours le Sueſt. Cela nous éleve au moins en longitude. Nous conſentons de bon cœur à aller encore quatre ou cinq jours la même route juſqu’à la hauteur des trials, pourveû qu’il nous vienne ce qu’il nous faut pour tomber dans le détroit.

A la fin la grande partie d’échets vient d’eſtre décidée. Nous joûions en vingt parties liées, le Chevalier de Fourbin & le Pere Gerbillon contre moi. Il y avoit deux mois qu’elle nous divertiſſoit. L’égalité eſtoit parfaite ; nous avions remis trois fois ; j’eftois aujourd’hui vainqueur, & demain vaincu ; l’émulation s’y eſtoit miſe ; un mauvais coup nous faiſoit pâlir ; on y eſtoit tout entier tout le temps qu’on y eſtoit. L’auditoire, ou plutôt les ſpectateurs attentifs pardeſſus l’épaule, gardoient un profond ſilence, qu’ils ne rompoient de temps en temps que par des cris d’admiration. Ils ne pouvoient comprendre comment le Roi ne nous donnoit pas ſes armées à commander, & ne contoient pour rien le Ma-