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du Voyage de Siam.

On vient de voir des poiſſons : il y avoit bien long-temps qu’on n’en avoit veu. Ils n’aiment la grande mer que dans les païs chauds. Les pilotes diſent que ce ſont des dauphins : il me ſemble que ce ſont des marſouïns. Nous en jugerons, s’ils approchent le vaiſſeau ; car juſqu’ici ils ſe tiennent ſur les hauteurs, hors la portée des harpons. On vient de voir auſſi des poiſſons volans : toutes marques de païs chaud.

La hauteur s’eſt trouvée de 19. degrez 10. minutes. Nous ne croyions pas avoir fait tant de chemin ; & il faut qu’il y ait par ici des courans qui portent vers le Nord.

22. Juillet.

IL eſt bien opiniâtre ce Sueſt. Nous avons pourtant quelque eſpérance. On voit au deſſus du vent qui nous mene, un autre vent qui va vers l’Eſt : mais il eſt trop haut & nous eſt inutile ; peut-eſtre qu’il décendra. Ce n’eſt point une viſion ; la marche des nuages en fait foi. Il eſt préſentement queſtion de l’Iſle des Cocos, qu’il faut laiſſer à babord, ce qui nous ſera impoſſible, ſi le vent ne ſe range un peu vers le Sud. Que s’il demeure encore deux jours où il eſt, nous revirerons de bord, & irons courir le Sudoueſt pour nous ſoutenir dans ce parage, juſqu’à l’heureux moment que nous pourrons reconnoître l’Iſle de Java.

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