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lui dans ces retraites. Il enrichit les monastères de beaucoup d’autres choses qui leur manquaient, d’où lui vint le surnom de second fondateur (ctitor). Tout cela une fois accompli, voici ce qu’il écrivit à ses parents et à tous ses frères : « Mes très-gracieux et très-chers parents, et vous mes bien-aimés ! votre lettre sympathique et affectueuse m’a percé le cœur comme un glaive, et a ravi mon âme ; car je ne suis ni oublieux de vos bontés, ni insensible à tant de marques de votre tendresse, que je partage, bien que je ne doive aimer personne au-dessus de Dieu, comme il est dit : Si tu aimes ton père et ta mère plus que moi, tu n’es plus digne de moi. Or, me rappelant de ces paroles évangéliques, dès mon arrivée ici, j’ai résisté au plaisir d’aller vous voir. En esprit, je me prosterne aux vénérables pieds de mon père, je les embrasse, les couvrant de mes larmes et de mes baisers, et je dis : Écoute-moi, mon saint père, prête l’oreille à ton fils que tu aimais autrefois ; écoute la voix de son cœur ! Déjà maintes fois, dans ton royaume de la terre, tu as agi en vrai apôtre, renversant les temples du démon, érigeant les sanctuaires de Dieu. Grâce à ces efforts, toutes les terres de ton empire brillent déjà des lumières de l’orthodoxie : tu en as chassé les loups de l’hérésie, et tu enseignas à tes sujets d’adorer le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui règnent ensemble ; tu fis établir des hospices pour recevoir les étrangers et nourrir les pauvres, et, par la grâce du Christ, tu sauvegardas l’exécution des autres commandements divins. Maintenant, je te supplie, mon père, je t’en conjure par tes vénérables cheveux blancs, ose encore une fois ! Accomplis le dernier des commandements que le Sauveur nous a légués, disant : Celui qui veut me suivre renoncera à tout ce qu’il possède et à lui-même ; il prendra sa croix de souffrance, et il me suivra dans l’humilité. Puisse mon conseil, ou plutôt celui du Christ, puisse-t-il être agréé par vous ! Méprise le royaume de la terre et ses richesses, comme changeants et éphémères. Le monde et tout ce qu’il a de beau et de séduisant ne flatte que nos yeux. Renonce donc à ce néant, et prends le chemin de l’humilité, que j’ai déjà frayé ; suis-moi, et, loin de ta patrie, sur une terre étrangère, viens vivre avec moi dans ce désert. Ici, libre de tout empêchement, à force de silence, d’humilité et de