Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oui, je le sens ; vous parler encore, c’est vous donner contre moi de plus fortes armes ; c’est me soumettre plus entièrement à votre volonté. Il est plus aisé de se défendre contre vos lettres ; ce sont bien vos mêmes discours, mais vous n’êtes pas là pour leur prêter des forces. Cependant le plaisir de vous entendre m’en fait braver le danger : au moins aurai-je ce bonheur d’avoir tout fait pour vous, même contre moi ; & mes sacrifices deviendront un hommage. Trop heureux de vous prouver de mille manières, comme je le sens de mille façons, que, sans m’en excepter, vous êtes, vous serez toujours l’objet le plus cher à mon cœur.

Du château de… ce 23 septembre 17…

Lettre LXXXIV.

Le vicomte de Valmont à Cécile Volanges.

Vous avez vu combien nous avons été contrariés hier. De toute la journée je n’ai pas pu vous remettre la lettre que j’avais pour vous ; j’ignore encore si j’y trouverai plus de facilité aujourd’hui. Je crains de vous compromettre, en y mettant plus de zèle que d’adresse ; & je ne me pardonnerais pas une imprudence qui vous deviendrait si fatale, & causerait le désespoir