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offrant l’occasion de les réparer, au moins en partie. Ma demande était si juste, que vous-même ne crûtes pas devoir vous y refuser ; mais vous faisant un droit de mon indulgence, vous en profitâtes pour me demander une permission, que, sans doute, je n’aurais pas dû accorder, & que pourtant vous avez obtenue. Des conditions qui y furent mises, vous n’en avez tenu aucune ; & votre correspondance a été telle que chacune de vos lettres me faisait un devoir de ne plus vous répondre. C’est dans le moment même où votre obstination me forçait à vous éloigner entièrement de moi, que, par une condescendance peut-être blâmable, j’ai tenté le seul moyen qui pouvait me permettre de vous en rapprocher ; mais de quel prix est à vos yeux un sentiment honnête ? Vous méprisez l’amitié ; & dans cette folle ivresse, comptant pour rien les malheurs & la honte, vous ne cherchez que des plaisirs & des victimes.

Aussi léger dans vos démarches, qu’inconséquent dans vos reproches, vous oubliez vos promesses, ou plutôt vous vous faites un jeu de les violer, & après avoir consenti à vous éloigner de moi, vous revenez ici sans y être rappelé ; sans égard pour mes prières, pour mes raisons, sans avoir même l’attention de m’en prévenir, vous n’avez pas craint de m’exposer à une surprise dont l’effet, quoique bien simple assurément, aurait pu être interprété défavorablement pour moi, par les personnes qui nous entouraient. Ce moment d’embarras que vous aviez fait naître, loin de chercher à en distraire, ou à le dissiper, vous avez paru mettre