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me voyez plus, ne m’écrivez plus, je vous en prie ; je l’exige. Cette lettre est la dernière que vous recevrez de moi.

De… ce 5 septembre 17…

Lettre LVII.

Le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

J’ai trouvé votre lettre hier à mon arrivée. Votre colère m’a tout à fait réjoui. Vous ne sentiriez pas plus vivement les torts de Danceny, quand il les aurait eus vis-à-vis de vous. C’est sans doute par vengeance, que vous accoutumez sa Maîtresse à lui faire de petites infidélités ; vous êtes un bien mauvais sujet ! Oui, vous êtes charmante, & je ne m’étonne pas qu’on vous résiste moins qu’à Danceny.

Enfin je le sais par cœur, ce beau héros de roman ! il n’a plus de secret pour moi. Je lui ai tant dit que l’amour honnête était le bien suprême, qu’un sentiment valait mieux que dix intrigues, que j’étais moi-même, dans ce moment, amoureux & timide ; il m’a trouvé enfin une façon de penser si conforme à la sienne, que dans l’enchantement où il était de ma candeur, il m’a tout dit & m’a juré une amitié sans réserve. Nous n’en sommes guère plus avancés pour notre projet.

D’abord, il m’a paru que son système était qu’une