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tez, du moins en partie, quelle femme pourrait avouer être en correspondance avec vous ? & quelle femme honnête peut se déterminer à faire ce qu’elle sent qu’elle serait obligée de cacher ?

Encore, si j’étais assurée que vos lettres fussent telles que je n’eusse jamais à m’en plaindre, que je pusse toujours me justifier à mes yeux de les avoir reçues ; peut-être alors le désir de vous prouver que c’est la justice & non la haine qui me guide, me ferait passer par-dessus ces considérations puissantes, & faire beaucoup plus que je ne devrais, en vous permettant de m’écrire quelquefois. Si en effet vous le désirez autant que vous me le dites, vous vous soumettrez volontiers à la seule condition qui puisse m’y faire consentir ; & si vous avez quelque reconnaissance de ce que je fais pour vous dans ce moment, vous ne différerez plus de partir.

Permettez-moi de vous observer à ce sujet, que vous avez reçu une lettre ce matin, & que vous n’en avez pas profité pour annoncer votre départ à madame de Rosemonde, comme vous me l’aviez promis. J’espère qu’à présent rien ne pourra vous empêcher de tenir votre parole. Je compte surtout que vous n’attendrez pas, pour cela, l’entretien que vous me demandez & auquel je ne veux absolument pas me prêter ; & qu’au lieu de l’ordre que vous prétendez vous être nécessaire, vous vous contenterez de la prière que je vous renouvelle. Adieu, Monsieur.

De... ce 27 août 17…