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DANS L’INDE.

Une cohue de prêtres et de fidèles à peau noire nous bousculent avec des glapissements, et cent mains sont avidement tendues. Quelques coups de canne que mon guide distribue au hasard, et tous les visages se contristent, les cris se changent en pleurs, les mains mendiantes se joignent et supplient. Vite, des petites piécettes d’argent pour rétablir la joie dans ce pauvre monde noir, et les physionomies piteuses des brahmes se détendent en rires enfantins de plaisir.

A présent, ils écartent la foule, ils se consultent avec des airs mystérieux. Deux minutes de conciliabule ; puis les deux plus vieux s’esquivent, disparaissent dans le sanctuaire, et, triomphalement le visage épanoui à l’idée de la surprise qu’ils nous ménagent, reviennent conduisant une troupe chamarrée de bayadères. Magnifiquement velues de soie, le nez, les oreilles, les bras, les chevilles chargés d’anneaux, avec des gestes d’une lenteur voluptueuse, des frémissements du corps et du bout des doigts, elles exécutent, une pantomime érotique. Peu séduisantes, ces bayadères : ligures brutales cl trop grasses, lèvres épaisses qui disent la race inférieure : le regard est vide et presque idiot, la bouche ouverte dans un sourire stupide. Évidemment, l’âme manque : ces femmes noires sont trop près de l’animal. Toute la journée elles rêvassent à l’ombre et ne se réveillent de leur tor-