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DANS L’INDE.

le climat ; famille de serviteurs qui semblent très aimés ; enfants et maîtres leur parlent cinghalais.

Après le déjeuner, flânerie dans le jardin, où s’épanouissent librement les fleurs rares de nos serres et les plus belles palmes cinghalaises. Comme je cassais la lame d’une plante grasse, un jet de sève m’a brûlé la main. Voilà qui fait comprendre l’ardeur et l’activité de cette végétation.


Il faut partir. Cette nuit nous reprenons la mer. J’ai voulu revoir les yeux calmes, les yeux graves des religieux et le sourire du grand Bouddha couché, afin que le souvenir n’en mourût point tout de suite, et cette dernière journée, je l’ai terminée dans le temple de Colombo.

Le soir, tandis que le jour finissait, je suis allé jusqu’à la plage de Mount-Lavinia, plage solitaire, bordée d’une haute forêt sombre de cocotiers et qui fait penser aux petites îles sauvages perdues sur la ligne de l’équateur dans l’étendue des eaux immenses. Au loin, remuée par le vent du large, bleuissait la mer, le vaste Océan Indien tout vivant, plein d’ardeur et de force, écumant à l’horizon en subites et silencieuses blancheurs. Les hautes vagues lancées à l’assaut de la terre rouge croulaient tout d’une pièce avec un fracas massif et sourd. Et par instants, dans la monotonie de cette clameur, le bruissement triste des grands cocotiers…