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DANS L’INDE.

Il est drôle, ce petit chemin de fer sur lequel compte mon ami l’avocat pour amener la civilisation au fond des forêts de cocotiers ; un joli joujou, un gentil chemin de fer de poupée et qui ne doit pas effrayer beaucoup l’éternelle végétation de l’équateur. La machine ne brûle pas de vilaine houille noire, mais des bois odoriférants. Nous nous faufilons sous les grands arbres, dont les palmes font une voûte verte au-dessus de la ligne. Il y a de charmantes stations qui ne rappellent que de tort loin nos gares de France, petites cabanes toutes roses et bleues de fleurs grimpantes, enfouies sous les grandes plantes lisses. Point de buffet ; mais des éphèbes sveltes et bronzés, en robes éclatantes passent lentement, nous tendent, avec un sourire, des paniers remplis d’ananas, de mangues, de grosses bananes en grappes roses, ou bien de jeunes cocos jaunes qu’ils ouvrent lestement en trois coups de hache et dont on boit à même l’eau fraîche et parfumée.

Nous courons dans le pays bas, humide sous l’interminable forêt marécageuse. Cette terre est une boue végétale qui, infatigablement, enfante ces multitudes de grands arbres primitifs et sauvages. La lumière ne les pénètre pas : leurs verdures