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EN MER. 7

malgré lui, encore et toujours en élan, pressé de reprendre sa course, d’arriver là-bas, à la rive lointaine du Japon.

A neuf heures, on entend de nouveau la pulsation de l’hélice qui, sans arrêt, va battre encore pendant huit jours.

6 novembre.

Sous la double tente, les soirées sont pénibles : odeurs fades de cigarettes, d’huile de machine. D’ailleurs, on est las de faire les cents pas avec connaissances de voyage, d’échanger des lieux communs à propos du général Boulanger ou M. Gladstone, de subir toutes les banalités de cette civilisation. On voudrait fuir le coudoiement de cette foule qui circule sous la lumière Edison, semblable à toutes les foules d’Hyde-Park ou des Champs-Elysées ; grands Anglais corrects qui par principe, soignent leur digestion et chaque soir, à cette heure, font le cinquième mille de leur promenade hygiénique ; fonctionnaires français qui fument, accoudés sur les bastingages ; flâneurs qui bâillent, étalés sur des chaises longues ; enfants aux jambes nues qui poussent des cerceaux tandis que les mamans brodent, lisent le dernier Besant ou le dernier Maupassant. Du salon des dames partent des airs de valse entendus sur tous les