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mouvement de la baguette tenue par J. Aymar ou par tout autre doué de la même puissance, à une cause purement physique, et que l’abbé de Vallemont adopte cette manière de voir ; de sorte que l’opinion de deux ecclésiastiques, les abbés de Lagarde et de Vallemont, de deux laïcs, docteurs en médecine, MM. Chauvin et Garnier, est absolument contraire à celle qu’avaient avancée, trois ans auparavant, les pères Lebrun et Malebranche et les abbés de la Trappe et Pirot ; tous les quatre attribuaient sans hésitation le mouvement de la baguette, du moins lorsqu’il s’agissait de choses morales, à l’intervention de Satan.

79.Les Lettres du père Lebrun, qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette et qui détruisent leurs systèmes, sont remarquables par l’esprit et une excellente critique.

Ces qualités se retrouvent dans les Indications de la baguette divinatoire pour découvrir les sources d’eau, les métaux cachés, les vols, les bornes déplacées, les assassinats, etc., qui terminent le Traité de la philosophie des images énigmatiques, par le père Ménestrier.

Si l’Histoire critique des pratiques superstitieuses du père Lebrun, le dernier des écrits précités, n’a pas l’originalité des Lettres qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette, elle n’en mérite pas moins de fixer l’attention, comme résumé de l’opinion des hommes les plus graves qui prirent part aux discussions que souleva, en 1689, la première Lettre du père Lebrun adressée au père Malebranche, et qui se prolongèrent jusqu’à la fin du xviie siècle : de sorte que